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« Motels in north America » par Ben Graville

Photographe anglais vivant à Londres, Ben Graville est spécialisé dans les affaires judiciaires et la musique. Collaborateur au Sunday Times magazine il a travaillé régulièrement pour le quotidien anglais l’Indépendant de 2002 à 2009. En parallèle de ses activités professionnelles, il a développé une pratique d’auteur marquée par une approche documentaire de la photographie. La série sur les Motels américains a été réalisée en 1995. Ben Graville a photographié 36 motels parcourant ainsi 17 états américains.

Aujourd’hui, ces motels sont en voie de disparition. Souvent délabrés et/ou déjà abandonnés, ils se rencontrent encore le long des anciennes routes d’Etat et dans les périphéries des villes. Ils sont désormais concurrencés par les nouvelles chaînes de motels essentiellement installées le long des nouvelles autoroutes et qui proposent des chambres propres et standardisées pour un prix défiant toute concurrence. L’âge d’or des motels, associé dans les années cinquante au succès des voyages en voiture, est désormais bien loin.

Dans les photographies de Ben Graville, ces vieux motels apparaissent comme des vestiges. Les couleurs saturées et délavées des images renvoient à cette idée de disparition en affichant le passage du temps qui efface tout. L’approche documentaire n’exclue par le regard sensible, bien au contraire, l’art et le document se rencontre ici.

Ces couleurs saturées (Cross process) évoquent aussi le procédé kodachrome (la fameuse diapositive) qui fut tant utilisée tant dans les pratiques privées que professionnelles de la photographie aux heures de gloire de ces Motels. Kodak a cessé, depuis l’année dernière, la fabrication de la diapositive. Le procédé est devenu historique. Le conservateur de musée et l’archiviste collectent et conservent aujourd’hui les diapositives d’hier. Le photographe, lui, a recueilli et enregistré les traces d’un passé voué à disparaître. Sa quête n’est-elle pas ici comparable à celle de l’archéologue qui collecte et recueille les traces enfouies du passé ? 
Le travail de Ben Graville s’inscrit également dans celui de la photographie sociale américaine et britannique. Ce n’est pas seulement l’architecture des motels qui a retenu sont attention mais aussi les gens qui y vivent, ceux qui s’y arrêtent ou ne font qu’y passer et ceux qui tentent d’en vivre.

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